Théorème d'Abel (analyse)

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En mathématiques, le théorème d'Abel, ou théorème de convergence radiale d'Abel, portant le nom de Niels Henrik Abel, est un outil central de l'étude des séries entières.

Énoncé

Théorème — Si une série entière a n z n {\displaystyle \sum a_{n}z^{n}} converge en un point z 0 {\displaystyle z_{0}} , alors la convergence est uniforme sur [ 0 , z 0 ] {\displaystyle [0,z_{0}]} (donc la restriction à ce segment de la fonction somme de la série est continue).

La démonstration[1] repose sur la méthode classique de sommation par parties, équivalente à l'intégration par parties pour les intégrales.

Remarque : dans le cas où la série a n z 0 n {\displaystyle \sum a_{n}z_{0}^{n}} est absolument convergente, le résultat est trivial. En effet, sous cette hypothèse, a n z n {\displaystyle \sum a_{n}z^{n}} converge même normalement sur le disque fermé de centre 0 {\displaystyle 0} et de rayon | z 0 | {\displaystyle \left|z_{0}\right|} .

Exemples

  • Soit la série de Mercator
    f ( x ) = n 1 ( x ) n n = ln ( 1 + x ) {\displaystyle f(x)=-\sum _{n\geq 1}{\frac {(-x)^{n}}{n}}=\ln(1+x)} pour | x | < 1 {\displaystyle |x|<1} .
    Comme la série harmonique alternée n = 1 ( 1 ) n n {\displaystyle \sum _{n=1}^{\infty }{\frac {(-1)^{n}}{n}}} converge (d'après le critère de convergence des séries alternées), on déduit sa somme du théorème d'Abel :
    n = 1 ( 1 ) n n = lim 1 f = ln 2 {\displaystyle \sum _{n=1}^{\infty }{\frac {(-1)^{n}}{n}}=-\lim _{1^{-}}f=-\ln 2} .
  • Soit
    g ( x ) = n 0 ( 1 ) n x 2 n + 1 2 n + 1 = arctan x {\displaystyle g(x)=\sum _{n\geq 0}{\frac {(-1)^{n}x^{2n+1}}{2n+1}}=\arctan x} pour | x | < 1 {\displaystyle |x|<1} .
    Encore par le critère de convergence des séries alternées, on peut affirmer que n = 0 ( 1 ) n 2 n + 1 {\displaystyle \sum _{n=0}^{\infty }{\frac {(-1)^{n}}{2n+1}}} converge, d'où la formule de Leibniz :
    n = 0 ( 1 ) n 2 n + 1 = lim 1 g = arctan 1 = π 4 {\displaystyle \sum _{n=0}^{\infty }{\frac {(-1)^{n}}{2n+1}}=\lim _{1^{-}}g=\arctan 1={\frac {\pi }{4}}} .
  • Soient Σ a n {\displaystyle \Sigma a_{n}} et Σ b n {\displaystyle \Sigma b_{n}} deux séries convergentes et Σ c n {\displaystyle \Sigma c_{n}} leur produit de Cauchy :
    c n = i + j = n a i b j {\displaystyle c_{n}=\sum _{i+j=n}a_{i}b_{j}} .
    On déduit du théorème d'Abel[2] que si la série Σ c n {\displaystyle \Sigma c_{n}} converge alors sa somme est égale au produit des deux sommes A = Σ a n {\displaystyle A=\Sigma a_{n}} et B = Σ b n {\displaystyle B=\Sigma b_{n}}  :
    Σ c n = C C = A B {\displaystyle \Sigma c_{n}=C\Rightarrow C=AB} .

Réciproque partielle

Tauber[3] a démontré en 1897[4] que sous l'hypothèse an = o(1/n), si la limite radiale existe, alors la série converge et lui est égale. Ce résultat a été amélioré par Littlewood : l'hypothèse an = O(1/n) suffit[5]. Le théorème taubérien de Hardy-Littlewood en est une généralisation.

Notes et références

  1. Voir par exemple la section correspondante de la leçon « Série entière » sur Wikiversité.
  2. Voir par exemple le chapitre « Produit de Cauchy » de la leçon sur les séries sur Wikiversité.
  3. (en) John J. O'Connor et Edmund F. Robertson, « Alfred Tauber », sur MacTutor, université de St Andrews.
  4. (de) A. Tauber, « Ein Satz aus der Theorie der unendlichen Reihen », Monatshefte für Mathematik, vol. 8,‎ , p. 273-277 (JFM 28.0221.02, lire en ligne).
  5. Ceci fournit un autre argument pour traiter les deux premiers exemples ci-dessus.

Articles connexes

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