Nombre métallique


En mathématiques, les nombres métalliques (ou constantes métalliques) forment une suite de nombres réels généralisant le nombre d'or. Il a été proposé deux généralisations possibles.

Introduction pour la première généralisation

Le nombre d'or permettant d'exprimer le terme général des suites ( u n ) {\displaystyle (u_{n})} vérifiant la récurrence linéaire définissant la suite de Fibonacci u n + 2 = u n + 1 + u n {\displaystyle u_{n+2}=u_{n+1}+u_{n}} , il a été proposé d'appeler nombres métalliques les nombres permettant d'exprimer, pour un nombre entier p, le terme général des suites ( u n , p ) {\displaystyle (u_{n,p})} vérifiant la récurrence linéaire :

u n + 2 , p = p u n + 1 , p + u n , p . {\displaystyle u_{n+2,p}=pu_{n+1,p}+u_{n,p}.}

Par définition, le p-ième nombre métallique, noté φ p {\displaystyle \varphi _{p}} , est l'unique solution positive de l'équation caractéristique de la récurrence : x 2 = p x + 1 {\displaystyle x^{2}=px+1} .

Si une telle suite tend vers l'infini, φ p {\displaystyle \varphi _{p}} est la limite du rapport u n + 1 / u n {\displaystyle u_{n+1}/u_{n}} .

Pour p = 2, le métal proposé a été l'argent, puis le bronze pour le nombre suivant[1],[2],[3].

Diverses expressions

  • En tant que solution positive de l'équation du second degré x 2 = p x + 1 {\displaystyle x^{2}=px+1} , on obtient l'expression analytique du nombre métallique d'indice p :
φ p = p + p 2 + 4 2 {\displaystyle \varphi _{p}={\frac {p+{\sqrt {p^{2}+4}}}{2}}} .
  • En réécrivant l'équation sous la forme
x = p + 1 x {\displaystyle x=p+{1 \over x}}

on en déduit son développement en fraction continue :

φ p = p + 1 p + 1 p + 1 p + 1 p + = [ p ; p , ] {\displaystyle \varphi _{p}=p+{\cfrac {1}{p+{\cfrac {1}{p+{\cfrac {1}{p+{\cfrac {1}{p+\ddots \,}}}}}}}}=[p;p,\dots ]} .
  • En réécrivant l'équation sous la forme x = 1 + p x {\displaystyle x={\sqrt {1+px}}}

on en déduit sa forme en radical imbriqué infini :

φ p = 1 + p 1 + p 1 + p 1 + {\displaystyle \varphi _{p}={\sqrt {1+p{\sqrt {1+p{\sqrt {1+p{\sqrt {1+\cdots }}}}}}}}} .
  • Le p-ième nombre métallique est également donné par une intégrale :
    φ p = 0 p ( x 2 x 2 + 4 + p + 2 2 p ) d x . {\displaystyle \varphi _{p}=\int _{0}^{p}{\left({x \over {2{\sqrt {x^{2}+4}}}}+{{p+2} \over {2p}}\right)}\,\mathrm {d} x.}

Rectangles métalliques

Les rectangles d'or, d'argent, et de bronze.

Le p-ième nombre métallique est le rapport entre la longueur et la largeur d'un rectangle tel que si on lui ôte p carrés de taille maximale, on obtient un rectangle semblable à celui de départ.

On obtient en effet la relation l L p l = L l {\displaystyle {\frac {l}{L-pl}}={L \over l}} qui donne x 2 = p x + 1 {\displaystyle x^{2}=px+1} si on pose x = L / l {\displaystyle x=L/l} .

Premières valeurs

p Expression Écriture décimale Métal associé Suite récurrente associée
1 1 + 5 2 {\displaystyle {\frac {1+{\sqrt {5}}}{2}}} 1,618033989 Or suite de Fibonacci
2 1 + 2 2,414213562 [note 1] Argent suite de Pell
3 3 + 13/2 3,302775638 [note 2] Bronze suite A006190 de l'OEIS
4 2 + 5 4,236067978 [note 3] suite A001076 de l'OEIS
5 5 + 29/2 5,192582404 [note 4] suite A052918 de l'OEIS
6 3 + 10 6,162277660 [note 5] suite A005668 de l'OEIS
7 7 + 53/2 7,140054945 [note 6]
8 4 + 17 8,123105626 [note 7]
9 9 + 85/2 9,109772229 [note 8]
  ⋮
p p + 4 + p2/2

Expressions trigonométriques

Numéro du nombre métallique 1 2 3 4
Formule trigonométrique 2 cos π 5 {\displaystyle 2\cos {\frac {\pi }{5}}} tan 3 π 8 {\displaystyle \tan {\frac {3\pi }{8}}} 2 cos π 13 ( sin 2 π 13 cos 3 π 13 + 1 ) {\displaystyle 2\cos {\frac {\pi }{13}}\left({\frac {\sin {\frac {2\pi }{13}}}{\cos {\frac {3\pi }{13}}}}+1\right)} 8 cos 3 π 5 {\displaystyle 8\cos ^{3}{\frac {\pi }{5}}}
Polygone régulier associé Pentagone Octogone Tridécagone 29-gone

Propriétés des puissances entières

Puissances entières

De même que les puissances successives du nombre d'or vérifient φ n = F n φ + F n 1 {\displaystyle \varphi ^{n}=F_{n}\varphi +F_{n-1}} ( F n ) {\displaystyle (F_{n})} est la suite de Fibonacci, les puissances des nombres métalliques vérifient :

φ p n = G n φ p + G n 1 ( 1 ) {\displaystyle \varphi _{p}^{n}=G_{n}\varphi _{p}+G_{n-1}\,\,(1)}

où la suite ( G n ) {\displaystyle (G_{n})} , définie par G 0 = 0 , G 1 = 1 , G n + 2 = p G n + 1 + G n {\displaystyle G_{0}=0,G_{1}=1,G_{n+2}=pG_{n+1}+G_{n}} est la p-suite de Fibonacci.

En prolongeant la suite ( G n ) {\displaystyle (G_{n})} aux entiers négatifs et en acceptant les p {\displaystyle p} négatifs dans la définition de φ p = p + p 2 + 4 2 {\displaystyle \varphi _{p}={\frac {p+{\sqrt {p^{2}+4}}}{2}}} , la relation (1) est valable pour tous les entiers relatifs.

Alors, si φ p = φ p = p φ p = 1 φ p {\displaystyle \varphi '_{p}=\varphi _{-p}=p-\varphi _{p}=-{1 \over {\varphi _{p}}}} est l'autre solution de x 2 = p x + 1 {\displaystyle x^{2}=px+1} , les puissances de φ p {\displaystyle \varphi '_{p}} vérifient également φ p n = G n φ p + G n 1 {\displaystyle \varphi _{p}'^{n}=G_{n}\varphi _{p}'+G_{n-1}} de sorte que, par application de la formule de Binet, on a l'égalité :

G n = φ p n φ p n φ p φ p {\displaystyle G_{n}={\frac {\varphi _{p}^{n}-\varphi _{p}'^{n}}{\varphi _{p}-\varphi _{p}'}}} .

Remarquons aussi que puisque 1 φ p = φ p p {\displaystyle {1 \over {\varphi _{p}}}=\varphi _{p}-p} , l'inverse d'un nombre métallique a la même partie fractionnaire que lui.

De plus, la propriété φ 4 = φ 3 {\displaystyle \varphi _{4}=\varphi ^{3}} se généralise. En effet, toute puissance impaire d'un nombre métallique est un autre nombre métallique :

φ p 2 n + 1 = φ k = 0 n 2 n + 1 2 k + 1 ( n + k 2 k ) p 2 k + 1 {\displaystyle \varphi _{p}^{2n+1}=\varphi _{\sum _{k=0}^{n}{{2n+1} \over {2k+1}}{{n+k} \choose {2k}}p^{2k+1}}}

Par exemple, φ p 3 = φ ( p 3 + 3 p ) {\displaystyle \varphi _{p}^{3}=\varphi _{\left(p^{3}+3p\right)}} .

Deuxième généralisation : constantes de p-nacci.

Une autre généralisation de la récurrence linéaire double : u n + 2 = u n + 1 + u n {\displaystyle u_{n+2}=u_{n+1}+u_{n}} étant la récurrence p-uple : u n + p = u n + 1 + u n + 2 + + u n + p 1 {\displaystyle u_{n+p}=u_{n+1}+u_{n+2}+\ldots +u_{n+p-1}} , il a été aussi proposé d'appeler nombres métalliques les nombres permettant d'exprimer le terme général des suites ( u n ) {\displaystyle (u_{n})} vérifiant cette récurrence. Partant de l'or, l'argent et le cuivre (situés au-dessus de l'or dans le tableau périodique), ont été proposés pour les nombres suivants : le nickel, le cobalt et le fer [4],[5],[6]. Mais par conformité avec les appellations données dans l'encyclopédie des suites entières (OEIS), nous désignerons ces nombres par constantes de p-nacci.

Par définition, chaque constante, notée α p {\displaystyle \alpha _{p}} dans [4], est l'unique solution positive de l'équation caractéristique de la récurrence : x p = 1 + x + + x p 1 {\displaystyle x^{p}=1+x+\ldots +x^{p-1}} (attention, avec cette numérotation, le nombre d'or est α 2 {\displaystyle \alpha _{2}} , α 1 {\displaystyle \alpha _{1}} étant égal à 1).

En utilisant la formule des suites géométriques, on obtient que α p {\displaystyle \alpha _{p}} est l'unique solution positive autre que 1 de l'équation de degré p + 1 : x p + 1 2 x p + 1 = 0 {\displaystyle x^{p+1}-2x^{p}+1=0} , équation qui peut s'écrire aussi : x = 2 1 x p {\displaystyle x=2-{\frac {1}{x^{p}}}} . Elle ne s'exprime pas à l'aide de radicaux à partir de p = 5, mais peut s'écrire comme somme d'une série[7] :

α p = 2 2 i = 1 + ( ( p + 1 ) i 2 i 1 ) i 2 ( p + 1 ) i . {\displaystyle \alpha _{p}=2-2\sum _{i=1}^{+\infty }{\frac {\binom {(p+1)i-2}{i-1}}{i\cdot 2^{(p+1)i}}}.}

Premières valeurs

p Constante de Expression Écriture décimale Métal

(appellation de [5])

Suite récurrente associée
2 Fibonacci 1 + 5 2 {\displaystyle {\frac {1+{\sqrt {5}}}{2}}} 1,618033989 Or suite de Fibonacci
3 Tribonacci 19 + 3 33 3 + 19 3 33 3 + 1 3 {\displaystyle {\frac {{\sqrt[{3}]{19+3{\sqrt {33}}}}+{\sqrt[{3}]{19-3{\sqrt {33}}}}+1}{3}}} 1,8392867552

suite A058265 de l'OEIS

Argent suite de Tribonacci
4 Tétranacci Existence d'une expression par radicaux réels faisant intervenir

65 + 3 1689 3 {\displaystyle {\sqrt[{3}]{65+3{\sqrt {1689}}}}}

1,927561975

suite A086088 de l'OEIS

Cuivre suite de Tétranacci, suite A000078 de l'OEIS
5 Pentanacci Pas d'expression par radicaux 1,9659482366

suite A103814 de l'OEIS

Nickel suite de Pentanacci, suite A001591 de l'OEIS
6 Hexanacci NC 1,983582843

suite A118427 de l'OEIS

Cobalt suite d'Hexanacci, suite A001592 de l'OEIS
7 Heptanacci NC 1,991964197

suite A118428 de l'OEIS

Fer suite d'Heptanacci, suite A122189 de l'OEIS

Étude de la suite des constantes de p-nacci

Cette suite croit strictement de 1 jusqu'à sa limite égale à 2. Ceci est aussi "confirmé" par la suite d' "infinacci" où chaque terme est la somme de tous les précédents, débutant par 0,1 : 0, 1, 1, 2, 4, 8, 16, 32, ... où le quotient de termes consécutifs vaut exactement 2.

Un encadrement simple est [4]:

2 1 2 p 1 α p 2 1 2 p {\displaystyle 2-{\frac {1}{2^{p-1}}}\leqslant \alpha _{p}\leqslant 2-{\frac {1}{2^{p}}}} .

Un développement asymptotique est [4]:

α p = 2 1 2 p p 2 2 p + 1 + o ( 1 2 p ) {\displaystyle \alpha _{p}=2-{\frac {1}{2^{p}}}-{\frac {p}{2^{2p+1}}}+o\left({\frac {1}{2^{p}}}\right)} .

L'équation caractéristique possède une unique solution négative, supérieure à –1 pour p pair, et aucune pour p impair. Cette solution, ainsi que les solutions complexes α {\displaystyle \alpha } ont un module vérifiant 3 p < | α | < 1 {\displaystyle 3^{-p}<|\alpha |<1} , qui tend donc vers 1 quand p tend vers l'infini.

Voir également

Notes et références

  1. OEIS A014176, Decimal expansion of the silver mean, 1+sqrt(2).
  2. OEIS A098316, Decimal expansion of [3, 3, ...] = (3 + sqrt(13))/2.
  3. OEIS A098317, Decimal expansion of phi^3 = 2 + sqrt(5).
  4. OEIS A098318, Decimal expansion of [5, 5, ...] = (5 + sqrt(29))/2.
  5. OEIS A176398, Decimal expansion of 3+sqrt(10).
  6. OEIS A176439, Decimal expansion of (7+sqrt(53))/2.
  7. OEIS A176458, Decimal expansion of 4+sqrt(17).
  8. OEIS A176522, Decimal expansion of (9+sqrt(85))/2.
  1. (en) Vera W. de Spinadel, « The Family of Metallic Means », Vismath, Mathematical Institute of Serbian Academy of Sciences and Arts, vol. 1, no 3,‎ (lire en ligne).
  2. de Spinadel, « The Metallic Means and Design », Nexus II: Architecture and Mathematics, Fucecchio (Florence), Edizioni dell'Erba,‎ , p. 141–157 (lire en ligne)
  3. (en) « An Introduction to Continued Fractions: The Silver Means », sur maths.surrey.ac.uk.
  4. a b c et d G. Huvent, « Les nombres de Métal : alchimie mathématique de la transformation », Irem de Lille,‎ (lire en ligne)
  5. a et b Claire FRANCESCONI, « L’étude des nombres métalliques et de leurs figures associées », Irem de La Réunion,‎ (lire en ligne)
  6. Collectif, « A la suite du nombre d'or, les métalliques », (consulté le )
  7. D.A. Wolfram, « Solving Generalized Fibonacci Recurrences », Fib. Quart.,‎ (lire en ligne)

Bibliographie

  • (en) Alexey Stakhov, « The Mathematics of Harmony: Clarifying the Origins and Development of Mathematics », sur PeaceFromHarmony.org.
  • (en) Cristina-Elena Hrețcanu et Mircea Crasmareanu, « METALLIC STRUCTURES ON RIEMANNIAN MANIFOLDS », REVISTA DE LA UNION MATEMATICA ARGENTINA, vol. 54, no 2,‎ , p. 15–27 (lire en ligne).
  • (en) Miloje M. Rakočević, « FURTHER GENERALIZATION OF GOLDEN MEAN IN RELATION TO EULER’S “DIVINE” EQUATION », sur arxiv.org.
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